28 novembre 2023 Alizé Chauvet Architecte

Neuro- architecture : Comment notre cerveau et notre corps réagissent aux espaces.

Introduction Neuro-architecture

C’est aujourd’hui un sujet passionnant que j’aimerais partager avec vous. Nous avons tous ressenti un jour à quel point un espace, une maison pouvait nous donner un sentiment de confort, de bien être ou encore une sensation désagréable sans pouvoir expliquer pourquoi. Les découvertes de la Neuro-architecture nous aident à décrypter ces phénomènes.

L’environnement dans lequel nous vivons a un impact profond sur notre bien-être mental et émotionnel et sur nos comportements. La neuro-architecture, une discipline émergente, explore comment la conception des espaces bâtis et notamment leurs intérieurs influencent notre cerveau et nos comportements. Découvrons pourquoi et comment la neuro-architecture peut expliquer la manière dont nous réagissons aux différents espaces.

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1. Qu’est ce que la Neuro-architecture?

La neuro-architecture fusionne la neuroscience et l’architecture, mettant en lumière l’influence bidirectionnelle et les échanges constants entre l’environnement physique et le cerveau humain. Elle s’appuie sur les avancées des neurosciences pour expliquer nos réactions dans un espace bâti.

En comprenant cette connexion, les concepteurs architectes peuvent créer des espaces qui favorisent la santé mentale et émotionnelle des occupants.

Nous passons environ 90% de notre temps dans des espaces intérieurs, c’est pourquoi une bonne conception de ces espaces peut faire une réelle différence dans nos vies et cela peut même agir sur notre bien être au quotidien!

2. Comment sont menées ces études?

Les neuro-scientifiques mesurent en conditions réelles ou à l’aide de la réalité virtuelle, les réponses physiologiques des participants face à un environnement spécifique dans lequel ils sont immergés.

Des questionnaires ainsi que des tests variés sont réalisés auprès des participants afin de recueuillir le maximum d’informations concernant leurs ressentis. Des capteurs sensoriels sont également utilisés pour mesurer leur rythme cardiaque, leur température corporelle et leur réaction éléctrodermale. Les ondes cérébrales ainsi que les mouvements des yeux sont également étudiés. Tout ceci permet une cartographie de l’état de l’activité corporelle de la personne testée en situation.

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3. Que se passe t’il à l’intérieur de nous?

Sans nous en rendre compte, au moment où l’on rentre dans un espace, nous activons certaines cellules de l’hippocampe créant une sorte de “carte cognitive” à partir de données spatiales et de déplacements que notre cerveau analyse et enregistre de lui même. Ces cellules sont très sensibles à l’organisation spatiale et à la géométrie des lieux.

Si vous vous trouvez dans un lieu qui vous met mal à l’aise, une réponse physiologique automatique va s’enclencher sans que vous en ayez conscience. Votre respiration et votre rythme cardiaque vont s’accélérer sous l’effet de l’adrenaline et du cortisol (hormones du stress) que votre hypothalamus aura demandé de libérer à vos glandes surrénales. Ces réponses physiologiques auront pour effet de faire grimper le taux d’oxygène dans votre sang, permettant à vos muscles d’avoir la force nécessaire pour prendre la fuite! Grâce à toute cette cascade de micro évènements qui se sont produits dans votre organisme, vous avez pu quitter cet espace qui vous rendait nerveux…

Notre santé est liée à notre état physiologique. Créer une architecture “saine” impactera notre santé mentale et physique.

4. Chaque personne a ses propres réactions face à l’architecture.

Il n’y a pas vraiment de “recette” universelle. Nos réactions changent face à un lieu inconnu ou connu par exemple. D’autres facteurs tels que l’action menée dans un espace peut influencer notre perception des lieux (lors d’un mariage ou d’un enterrement dans une même église par exemple). D’autres facteurs tels que l’âge, le milieu culturel et le sexe peut faire varier nos ressentis.

Les neuro-scientifiques sont d’accords sur le fait qu’il est difficile de prédire à de simples tests, l’impact sur nous de l’architecture de nos maisons au fil des mois et des années car beaucoup de paramètres extérieurs peuvent venir modifier nos perceptions.

Nous pouvons néanmoins faire état de grandes lignes directrices sur ce que nous avons besoins inconsciemment dans nos habitats.

5. Nos besoins fondamentaux en matière d’habitat, ce que la Neuro-architecture nous enseigne.

Une part primitive de notre être nous pousse à avoir des besoins assez similaires à ceux des animaux…

Nous avons besoin d’un habitat qui puisse nous mettre à l’abris (des dangers). Un espace “protecteur” avec une vue dégagée pour percevoir notre environnement immédiat et pouvoir savoir ce qu’il s’y passe.

Dans l’habitat, les gens sont souvent attirés par les renfoncements, les alcôves aménagées au sein de plus grands espaces qui leur procurent un sentiment de protection.

Ce qui ressort c’est également ce besoin d’habiter des espaces diversifiés à l’intérieur de nos maisons ou appartements.

Généralement nous aimons les grands espaces ouverts propices aux échanges avec les autres mais aimons également les petits espaces fermés lorsque l’on traverse une période difficile ou que l’on a besoin de concentration.

De manière générale, les façades ou intérieurs complexes de bâtiments, retiennent notre regard alors qu’à l’inverse nous avons tendance à nous éloigner des bâtiments monotones aux facades simples.

Les façades symétriques déclenchent des signaux de plaisirs et d’attractivité auprès des personnes.

La présence de la nature est également très impactante pour le bien être des occupants d’un bâtiment. Ainsi une étude a montré que des patients ayant une vue sur la nature depuis leur chambre d’hôpital sortaient plus rapidement que ceux ayant une vue sur des murs.

Un éclairage respectant notre rythme circadien apporte beaucoup de bien être et agit sur nos processus cognitifs.

De même les lignes architecturales courbes nous font réagir positivement contrairement à des lignes anguleuses.

Globalement tout ce qui peut faire référence à la nature a un impact positif sur notre santé et notre physiologie. Ainsi, nos instinct primitifs nous attirent vers des espaces naturels, qui rappellent ceux dans lesquels nous vivions à nos origines.

6. Comment l’architecte peut vous aider à vous sentir mieux chez vous?

Comme nous avons vu, de nombreuses conclusions peuvent être tirées de l’étude de l’architecture par le prisme des neurosciences.

Même si de grands besoins se dessinent, il est important de comprendre que nous selon notre caractère, notre personnalité et selon le moment de notre vie, nos besoins peuvent évoluer.

Tout l’enjeu du travail de l’architecte sera de comprendre la psychologie de votre famille, de comprendre les besoins communs et spécifiques de chacun des habitants et de concevoir des espaces vous aidant à vous sentir bien au quotidien selon les différents moments de la journée et de l’année.

Il s’agit avant tout d’apprendre à se connaitre et de comprendre l’impact de nos choix sur nos ressentis futurs.

En effet, une personne extravertie aura tendance à apprécier les grands espaces ouverts alors qu’un extraverti s’y sentira mal à l’aise.

Le travail de l’architecte consiste à avoir cette posture extérieure et neutre. De vous poser les bonnes questions en amont de la conception de votre projet afin de créer des espaces réellement personnalisés à vous et votre famille.

Conclusion

Avec l’aide de la neuro-architecture, les personnes qui vivent les espaces sont remis au centre de la conception et du design. Ceci implique pour les concepteurs de faire une architecture au plus proche de l’humain, en se défocalisant des tendances esthétiques qui ne sont pas toujours appropriées au bien être des personnes et en se concentrant sur les besoins spécifiques de chacun.

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